L'équilibriste

Léna, elle est caissière.

Léna, elle est artiste. 

Léna, elle est laitière d’un lait qu’on trait jusqu’au vice.

Assise à un comptoir, la tête dans les factures, 

Elle voudrait éclater les crétins dans ce mur. 

Cette immobilité, forcée et sédentaire, 

Position douloureuse, statique et statuaire, 

Ce cul sur ce fauteuil, tous ces gens aux grands airs, 

Les cons, les portefeuilles éteignent le solaire.

factures, notes d’envois, réservations sommaires, 

L’abrutissement servile justifie son salaire.

Alors quand Léna rentre, qu’elle rentre chez elle, 

Que le bouillon du fric brûle sa cervelle,

Que la connerie du monde et de l’individu crasse

Via l’immobilité, brise sa carcasse,

Aussi pour se battre, pour son corps et sa tête

Elle arrache sa blouse, la dépose et se jette

Hors de cet espace vain, vicié et délétère

Dans un monde serein, calme et salutaire.

La tête vers le sol, la rage s’extrait mieux

Tandis que sérénité semble couler des cieux. 

Cette paix fait alors, tandis que son corps vibre

Du magma de sa vie, naître un équilibre.

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© PARO